Le traditionnel classement annuel des opérateurs mobiles en France, réalisé par l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep), est cette année au centre d’une controverse. L’étude, habituellement publiée en octobre, a été retardée en raison d’anomalies suspectes dans les résultats révèle L’informé. Une enquête a été ouverte pour déterminer si des manipulations ont pu fausser les performances des réseaux évalués.
Un classement clé pour les opérateurs et les consommateurs
Depuis plus d’une décennie, le rapport de l’Arcep sert de référence pour comparer la qualité des services des quatre principaux opérateurs français : Orange, Bouygues Telecom, SFR et Free. Il s’appuie sur des centaines de critères et des millions de mesures pour évaluer la couverture, la vitesse et la fiabilité des connexions mobiles.
Pour les opérateurs, figurer en tête du classement est un argument marketing de poids. Orange, par exemple, met régulièrement en avant ses performances pour souligner la qualité de son réseau. En 2023, l’Arcep avait noté que, dans les grandes villes, Orange et Bouygues Telecom offraient des services similaires en termes de performance.
Toutefois, cette année, l’analyse des données a révélé des écarts inhabituellement élevés, particulièrement sur les débits 5G en zones denses et intermédiaires. Ces anomalies ont poussé l’Arcep à suspendre la publication du rapport et à ouvrir une enquête.
Des écarts de performance trop marqués
L’évaluation de la qualité des services mobiles est confiée à un prestataire indépendant, financé par les opérateurs. En 2024, c’est la société AFD.Tech, filiale d’Accenture, qui a réalisé les mesures. Celles-ci ont été effectuées entre mai et juillet, mais les résultats obtenus ont soulevé des questions : les différences de débits observées selon les zones géographiques et les types d’appareils étaient bien plus marquées que les années précédentes.
Dans une note interne, la présidente de l’Arcep, Laure de la Raudière, évoque des « disparités anormales » qui pourraient résulter de l’activation de paramètres techniques spécifiques sur certains équipements. En d’autres termes, il est possible que des configurations particulières aient influencé les performances mesurées, volontairement ou non.
L’Arcep lance une enquête approfondie
Face à ces soupçons, l’Arcep a officiellement ouvert une enquête administrative pour comprendre l’origine de ces écarts. L’objectif est double : s’assurer que les mesures reflètent fidèlement l’expérience des utilisateurs et garantir une concurrence équitable entre opérateurs.
Les enquêteurs disposent d’un large éventail de moyens pour mener leurs investigations. Ils peuvent exiger des documents auprès des opérateurs et de leurs fournisseurs, effectuer des contrôles sur site et demander l’accès aux journaux techniques des équipements réseau. Une attention particulière est portée à la 5G, où certaines fonctionnalités pourraient avantager certains types d’appareils lors des tests.
Un employé d’Orange confirme que la direction est informée de l’enquête, mais affirme que l’entreprise ne semble pas particulièrement préoccupée.
Une affaire qui remet en cause la fiabilité des classements passés
Cette situation inédite jette une ombre sur la méthodologie et la transparence des évaluations précédentes. Si des manipulations sont confirmées, elles pourraient remettre en question la confiance des consommateurs envers ces classements, souvent utilisés pour choisir un opérateur.