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Chiffrement en danger : Apple, Google et Microsoft s’opposent à une loi française

Alors que la France s’apprête à examiner une proposition de loi visant à renforcer la lutte contre le narcotrafic, un front de résistance se dresse parmi les géants du numérique. Google, Apple, Microsoft, Samsung et d’autres alertent sur une menace majeure contre le chiffrement des communications, craignant des conséquences désastreuses pour la cybersécurité et la confidentialité des échanges, révèle L’informé.

Une loi qui remet en cause le chiffrement de bout en bout

Le texte en question, déjà validé par le Sénat, vise à contraindre les plateformes de messagerie comme Signal, Telegram et WhatsApp à fournir le contenu de certaines conversations sur ordre judiciaire. En cas de non-coopération, ces entreprises risqueraient des sanctions financières pouvant atteindre 2 % de leur chiffre d’affaires mondial. Une mesure qui, selon l’Alliance Française des Industries du Numérique (AFNUM), met en péril le principe même du chiffrement.

« L’efficacité du chiffrement de bout en bout repose sur l’impossibilité pour une personne extérieure d’accéder aux clés de déchiffrement », rappelle l’AFNUM. Or, en obligeant les entreprises à intégrer un moyen d’accès pour la justice, cette loi introduirait une porte dérobée qui affaiblirait l’ensemble du système de sécurité.

Une menace pour la sécurité des communications

Les opposants à la loi soulignent un paradoxe évident : les criminels continueront à utiliser des alternatives non réglementées, tandis que les citoyens et les entreprises verront leurs échanges fragilisés. Une faille créée pour la justice pourrait être exploitée par des cybercriminels, des gouvernements autoritaires ou des espions industriels.

L’AFNUM met également en avant les risques pour la vie privée et la liberté d’expression. Plusieurs instances européennes, comme la Cour européenne des droits de l’homme et la CNIL, ont déjà exprimé leurs réserves face à de telles mesures, estimant qu’elles constituent une atteinte aux droits fondamentaux.

L’exemple du Royaume-Uni

Le débat dépasse les frontières françaises. Face à une réglementation similaire au Royaume-Uni, Apple a préféré désactiver le chiffrement sur certaines de ses données plutôt que de compromettre la sécurité de ses utilisateurs. Signal, de son côté, a toujours été clair : l’entreprise préfère se retirer d’un pays plutôt que d’affaiblir son système de chiffrement.

La messagerie sécurisée Olvid, utilisée au plus haut niveau de l’État français, partage cette inquiétude. Son PDG, Thomas Baignères, affirme qu’il est techniquement impossible de créer une porte dérobée sécurisée, car toute faille intégrée pourrait être exploitée par des tiers malveillants.

Un bras de fer à venir

L’AFNUM demande la suppression pure et simple de l’article 8 ter de la proposition de loi et appelle à une consultation avec des experts en cybersécurité avant toute décision. Le débat parlementaire, prévu pour mars, promet d’être houleux, avec d’un côté un gouvernement déterminé à renforcer la lutte contre la criminalité et, de l’autre, des acteurs du numérique fermement opposés à une loi qu’ils jugent dangereuse pour la cybersécurité et les libertés fondamentales.

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