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Vers la fin des 4 opérateurs mobile : ce scénario qui affole le marché des télécoms

Alors que la dette d’Altice vient d’être partiellement restructurée, son propriétaire, Patrick Drahi, envisage une cession de SFR, son opérateur télécoms phare en France selon Le Figaro. Une perspective qui ravive le vieux rêve d’un retour à trois opérateurs sur le marché français et provoque une véritable effervescence chez ses concurrents comme chez les investisseurs étrangers.

Une vente longtemps attendue

Depuis l’irruption de Free Mobile en 2012, le marché français des télécoms est saturé. Les quatre opérateurs – Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free – se disputent un espace à la croissance faible, plombé par une guerre des prix permanente. L’idée d’une consolidation revient alors régulièrement, mais sans jamais aboutir. Cette fois, la situation semble différente : pour la première fois, un acteur majeur est prêt à vendre.

La restructuration récente d’Altice, qui a permis de faire entrer ses créanciers à hauteur de 45 % dans le capital, a débloqué une « fenêtre de tir ». Ces créanciers, désireux de récupérer leur mise, pourraient pousser Drahi à vendre rapidement SFR, quitte à en brader certains actifs.

Le scénario de la vente à la découpe

Une cession totale de SFR paraît peu réaliste. Avec plus de 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires, l’opérateur pèse trop lourd pour être absorbé par un seul concurrent. Orange, en tant que leader du marché, ne peut se permettre une fusion qui le ferait frôler les 80 % de parts de marché. Quant à Free ou Bouygues, un rachat intégral créerait un duopole, ce que les autorités de la concurrence refuseraient sans appel.

La solution la plus crédible serait donc une vente à la découpe. Chaque concurrent – Orange, Bouygues et Free – reprendrait une partie des actifs : réseau fibre, fichiers clients, boutiques, licences de fréquences, etc. Cette approche rappelle une tentative avortée en 2016 et nécessiterait un accord préalable entre les trois parties, avec des garanties de Bruxelles.

Des prétendants étrangers dans la course

Outre les opérateurs français, des géants étrangers suivent le dossier de près. Les groupes télécoms saoudiens (STC) et émiratis (Etisalat) ont déjà investi dans plusieurs marchés européens et entretiennent des relations avec Drahi. L’Indien Bharti Airtel, qui a récemment racheté la part de Drahi dans British Telecom, est également cité.

Une vente à l’international pourrait contourner les obstacles antitrust, mais soulèverait des inquiétudes politiques, notamment sur la souveraineté numérique. Certains observateurs évoquent l’épisode Carrefour-Couche-Tard comme un précédent de rejet d’acquisition étrangère en France.

Un enjeu financier colossal

Patrick Drahi viserait un prix de vente de 25 milliards d’euros pour SFR, bien au-dessus des estimations des analystes qui l’évaluent plutôt à 20 milliards. Malgré la perte d’un million d’abonnés en 2023, Drahi reste convaincu de la valeur stratégique de l’opérateur.

Les créanciers, entrés dans le capital sur la base d’une valorisation de 26 milliards, s’attendent eux aussi à une vente à bon prix. L’accord avec eux impose de toute façon une cession rapide, renforçant la pression sur Drahi.

Le facteur temps : une course contre la montre

Si la vente devait être officialisée rapidement, il faudrait compter de longs mois de négociations, suivis de 12 à 18 mois de validation réglementaire. Cette temporalité place une date butoir implicite : la présidentielle française de 2027. Un changement politique pourrait rebattre les cartes, rendant l’opération encore plus incertaine.

Dès lors, l’année 2025 apparaît comme cruciale. Les prochains mois pourraient redéfinir durablement le paysage des télécoms en France. En coulisse, banquiers, avocats et cabinets de conseil se mobilisent déjà, à l’affût de l’un des plus grands bouleversements du secteur depuis plus d’une décennie.

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