Il y a plusieurs semaines, le patron d’Orange Stéphane Richard évoquait la possible mutualisation de son réseau 5G avec celui de Free Mobile dans certaines communes de France. Cette stratégie permettrait aux deux opérateurs de disposer d’une meilleure couverture dans certaines zones, mais aussi de l’étendre plus rapidement dans l’Hexagone.
L’accord entre les deux entreprises était en bonne voie, mais Stéphane Richard a annoncé son abandon hier soir, via un communiqué de presse. L’opérateur historique avance que cet accord n’irait pas dans son intérêt en raison de la stratégie technologique adoptée par l’opérateur de Xavier Niel.
La mutualisation Orange-Free Mobile ne se fera pas
Orange a rendu sa décision officielle ce jeudi soir dans un communiqué, mais celle-ci n’est pas si surprenante que cela. En effet, pas plus tard qu’hier, l’opérateur historique critiquait les taux de couvertures “trompeurs” communiqués par Free Mobile sur la 5G, lors de la présentation de ses vœux à la presse.
-> 5G : Orange critique les taux de couverture trompeurs de Free
Stéphane Richard dénonçait la présence massive de l’opérateur de Xavier Niel sur la bande 700 MHz en 5G, qu’il ne considère pas comme de la vraie 5G, mais plutôt comme de la “4G améliorée”. Mais le trublion des télécoms peut toutefois affirmer qu’il dispose de la meilleure couverture 5G de France, et cela est vrai en termes de sites 5G ouverts. Free Mobile en disposait de 5640 au 31 décembre 2020, mais tous ses sites exploitent la bande la moins haute en 5G, celle de 700 MHz.
Néanmoins, les gains de débits sur cette fréquence par rapport à la 4G sont moindres, comparés à ceux disponibles sur la bande 3,5 GHz qui est la bande cœur du réseau de cinquième génération.
-> 5G Free : des débits nettement différents entre les bandes 3,5 GHz et 700 MHz
Orange mise sur la bande 3,5 GHz, mais pas Free Mobile
Et c’est pour cette raison que Orange a décidé de ne pas mettre en œuvre la mutualisation de son réseau 5G avec celui de Free Mobile. L’opérateur historique préfère lui privilégier la “vraie 5G”, c’est-à-dire déployer des antennes exploitant la fréquence de 3,5 GHz, qui permet d’obtenir des débits de connexion bien plus élevés qu’en 4G. Sur cette fréquence, les débits descendants gravitent autour des 700 Mbit/s.
A l’inverse, Free Mobile privilégie le nombre d’antennes 5G pour raccorder le plus de communes possible et disposer de la meilleure couverture. Mais pour pouvoir faire ainsi, l’opérateur n’a déployé que des sites exploitant la bande 700 MHz, qui n’offre des débits qu’autour des 100 Mbit/s, voire parfois en-dessous selon les zones. Il est en effet plus simple et rapide d’ouvrir des sites 5G sur les fréquences en-dessous des 3,5 GHz.
L’opérateur historique s’est alors interrogé sur les bienfaits que lui apporterait ce contrat de mutualisation avec Free : “pourquoi envisager un contrat de mutualisation si nos abonnés profiteront des fréquences les moins intéressantes quand les abonnés de Free Mobile profiteront eux des meilleures fréquences qu’on aura déjà déployées ?”. La décision d’Orange de ne pas poursuivre les discussions à propos du contrat de mutualisation est donc tout à fait logique, puisqu’il aurait été perdant au change en profitant d’un réseau 5G de moins bonne qualité.
“Constatant une divergence de stratégie de déploiement, Orange a décidé de mettre fin aux discussions. Orange fait de la qualité de ses réseaux une priorité ; le réseau mobile d’Orange est d’ailleurs classé meilleur réseau mobile de France pour la 10e année consécutive par l’ARCEP.”
Orange dans son communiqué