Après plusieurs semaines d’incertitude, TikTok a été réintégré sur les boutiques d’applications Apple et Google aux États-Unis. Cette décision fait suite à une pause dans l’application d’une loi controversée qui interdisait le populaire réseau social, propriété de l’entreprise chinoise ByteDance, pour des raisons de sécurité nationale.
Un contexte marqué par des tensions légales et politiques
En janvier, une loi entrée en vigueur sous l’administration Biden exigeait que ByteDance vende TikTok à un propriétaire non chinois avant le 19 janvier, sous peine de voir l’application bannie des États-Unis. Cette mesure avait été adoptée en réponse aux craintes des législateurs américains selon lesquelles l’application pourrait transmettre des données sensibles des utilisateurs américains au gouvernement chinois ou être utilisée pour diffuser de la désinformation.
Malgré ces accusations, ByteDance a toujours nié avoir partagé des données avec Pékin et affirme que cette loi viole les droits du Premier Amendement des utilisateurs américains. L’application avait été retirée des boutiques d’Apple et Google le 18 janvier pour se conformer à la loi.
Une intervention présidentielle pour suspendre l’interdiction
Le président Donald Trump, récemment entré en fonction, a signé un ordre exécutif prolongeant de 75 jours la période d’application de la loi, reportant ainsi la date limite au 5 avril. Cette suspension a permis à TikTok de revenir sur les boutiques d’applications, bien qu’Apple et Google aient attendu des assurances écrites du département de la Justice pour ne pas risquer de sanctions légales.
“Nous avons beaucoup de gens intéressés par TikTok”, a déclaré Trump, laissant entendre qu’un accord pourrait être trouvé pour maintenir l’application aux États-Unis. Il a suggéré que TikTok pourrait devenir une coentreprise, avec 50 % de sa propriété aux mains d’intérêts américains.
Des impacts variés pour les utilisateurs et les entreprises
Même pendant son absence des boutiques d’applications, TikTok est resté fonctionnel sur les appareils des utilisateurs existants, bien qu’une partie des créateurs ait signalé des dysfonctionnements, notamment lors de sessions en direct ou dans l’utilisation de fonctionnalités comme les “pièces numériques”. Ces perturbations n’ont pas empêché l’application de maintenir près de 90 % de son trafic habituel, selon des données de Cloudflare Radar.
Pour certaines entreprises comme Oracle, qui fournit un support technologique à TikTok, la situation était complexe. Après un bref arrêt de leur collaboration en janvier, elles ont repris leur travail dès que la suspension de l’interdiction a été annoncée.
Un avenir incertain pour TikTok
Malgré le retour de TikTok, des questions persistent concernant son avenir aux États-Unis. La loi exige toujours une vente partielle de l’application à un acteur non chinois, et les experts mettent en garde contre une potentielle crise constitutionnelle si Trump prolonge à nouveau la suspension de l’interdiction sans résoudre le problème légal sous-jacent.
“Si nous atteignons les 75 jours sans accord et que l’exécutif continue de ne pas appliquer la loi, cela soulèvera des problèmes bien plus larges sur l’équilibre des pouvoirs entre les branches législative et exécutive”, a déclaré Lindsay Gorman, experte en technologie au German Marshall Fund.
D’un autre côté, ByteDance a affirmé que la vente de TikTok serait compliquée en raison des restrictions du gouvernement chinois, notamment sur l’exportation de son algorithme propriétaire.
La position de TikTok et ses soutiens
TikTok reste optimiste quant à son avenir. Lors d’un appel avec des créateurs cette semaine, les dirigeants de l’application ont exprimé leur espoir que la situation soit stabilisée à long terme.
“Cela me donne beaucoup d’espoir qu’ils aient pu remettre l’application en ligne, ce qui signifie probablement qu’il y aura moins de problèmes à l’avenir”, a déclaré une créatrice de contenu après avoir assisté à cet appel.
En parallèle, Trump a affirmé vouloir “sauver TikTok” tout en veillant à ce qu’il reste sous un contrôle “sûr” aux États-Unis. Des personnalités comme Frank McCourt et Kevin O’Leary se positionnent comme des acheteurs potentiels pour répondre aux exigences de la loi.
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