De nombreux pays dans le monde ont entamé la suppression progressive du réseau 2G afin de libérer des fréquences pour la 4G et la 5G. Cette transition vise à améliorer la qualité des connexions mobiles, réduire les coûts de maintenance et stimuler la croissance du secteur des télécommunications. Cependant, elle pose également des défis majeurs, notamment en matière d’inclusion numérique pour les populations qui dépendent encore de cette technologie.
Une transition complexe à l’échelle mondiale
Des pays comme l’Australie, le Japon, la Corée du Sud, la Suisse et les Émirats arabes unis ont déjà totalement abandonné la 2G. Selon GSMA Intelligence, 61 autres pays, dont les États-Unis, l’Inde, la Chine et le Brésil, ont annoncé des plans similaires. Cette évolution est essentielle pour optimiser l’utilisation du spectre radio, une ressource limitée qui doit être allouée aux technologies plus récentes.
Toutefois, des centaines de millions de personnes dans le monde utilisent encore des téléphones 2G, principalement en raison de leur coût abordable, de leur simplicité et de l’absence de couverture 4G dans certaines régions. Une étude de l’Alliance pour un Internet abordable a montré qu’en 2021, l’achat d’un smartphone représentait environ 30 % du revenu mensuel des 2,5 milliards de personnes les plus pauvres, un facteur clé freinant la transition vers des appareils plus modernes.
Des obstacles économiques et sociaux
Si la suppression de la 2G est souvent perçue comme une avancée technologique, elle se heurte à des réalités économiques et sociales. En Afrique du Sud, par exemple, un projet de suppression de la 2G d’ici juin 2024 a été abandonné face aux risques d’exclusion numérique de près de 20 millions de personnes. Les téléphones basiques, vendus parfois à moins de 10 dollars, restent parmi les plus populaires, notamment en raison de leur faible valeur marchande, ce qui les rend moins attractifs pour les voleurs.
Dans d’autres pays, comme l’Inde, la transition est ralentie par le poids du marché de la 2G, qui représente encore une part importante des ventes de téléphones. Des entreprises comme Reliance Jio ont tenté d’accélérer l’adoption de la 4G en lançant des téléphones à bas prix, mais une disparition soudaine de la 2G risquerait d’exclure de nombreuses personnes qui ne sont pas encore prêtes à adopter de nouvelles technologies, notamment en raison de barrières économiques ou culturelles.
Le rôle des gouvernements et des opérateurs télécoms
Face à ces défis, certains pays ont mis en place des politiques de soutien pour faciliter la transition. Au Vietnam, par exemple, des millions de téléphones 4G ont été distribués gratuitement aux anciens utilisateurs de 2G grâce à des subventions gouvernementales et des initiatives des opérateurs télécoms. Cette stratégie a permis une migration rapide tout en minimisant l’exclusion numérique.
D’autres pays optent pour des approches hybrides. La société taïwanaise CloudMosa a développé des téléphones 4G capables d’exécuter certaines applications populaires comme YouTube et Facebook, tout en conservant une simplicité d’utilisation proche des téléphones 2G. Ces initiatives permettent de proposer des alternatives adaptées aux utilisateurs réticents ou limités financièrement.
Qu’en est-il de la France ?
En France, les principaux opérateurs télécoms ont déjà amorcé la disparition progressive des réseaux 2G et 3G. Orange a annoncé vouloir couper son réseau 2G d’ici 2025 et la 3G d’ici 2028, tandis que d’autres opérateurs comme SFR et Bouygues Telecom suivent des calendriers similaires. L’objectif est de réallouer les fréquences aux technologies plus récentes et de garantir une meilleure couverture mobile sur l’ensemble du territoire.
Toutefois, cette transition doit prendre en compte certains enjeux, notamment la connectivité des objets industriels et des infrastructures encore dépendantes de la 2G, comme les compteurs électriques ou certains équipements de surveillance. De plus, bien que la majorité des Français utilisent déjà des smartphones, une minorité de la population, notamment les personnes âgées ou vivant en zone rurale, pourrait être impactée par l’abandon de ces réseaux.