Depuis plusieurs mois, des applications frauduleuses parviennent à contourner les contrôles de l’App Store d’Apple, et KayakTime en est la dernière illustration. Derrière son apparence anodine de logiciel destiné aux passionnés de kayak se cache en réalité une plateforme de streaming illégal. Avec un stratagème bien rodé, ces applications trompent la vigilance des équipes de validation et atteignent rapidement les sommets des classements de téléchargement.
Une stratégie frauduleuse maîtrisée
La méthode utilisée par les développeurs de ce type d’applications est toujours la même : ils soumettent un logiciel basique et inoffensif à Apple, qui l’approuve après validation. Une fois disponible sur l’App Store, une mise à jour silencieuse ou une activation à distance transforme l’application en une plateforme de streaming pirate. KayakTime, présentée comme un outil pour recueillir des données sur les kayaks, se métamorphose ainsi en une interface proposant des films et séries récents.
De nombreux précédents
KayakTime n’est pas une exception. Ces derniers mois, des applications comme Micros Habits, Univer Note, TodoHabit ou Flower Butler ont employé des techniques similaires. Ces logiciels, après validation, révélaient leur véritable but : diffuser du contenu piraté, souvent accompagné d’un flux massif de publicités rémunératrices pour leurs créateurs.
Un succès fulgurant et une modération dépassée
Le cas de KayakTime illustre une nouvelle fois les failles du processus de validation d’Apple. Ce 8 février 2025, l’application atteignait la première place des téléchargements en France, malgré son caractère frauduleux. Ce succès s’explique par le bouche-à-oreille, notamment sur des plateformes comme TikTok et X (anciennement Twitter), où des vidéos virales ont amplifié sa popularité.
Une réaction lente d’Apple
Bien que l’App Store soit présenté comme un espace ultra-sécurisé, les failles de son système de validation sont flagrantes. Les équipes de contrôle n’identifient pas toujours les mécanismes cachés dans le code, ce qui permet à ces applications de prospérer avant d’être retirées. De plus, même après signalement, les délais de réponse d’Apple restent longs.
Une prolifération facilitée par les anciennes applications
Un aspect inquiétant de cette pratique est l’implication des anciennes applications supprimées dans la prolifération de nouvelles versions. Lorsqu’une application est retirée, ses développeurs envoient des notifications à leurs utilisateurs, indiquant le nom du prochain logiciel frauduleux. Ce jeu du chat et de la souris permet aux pirates de toujours être en avance sur les contrôles de l’App Store.
Des risques pour les utilisateurs
Si l’accès gratuit à des films ou séries peut sembler séduisant, ces applications ne sont pas sans conséquences. Non seulement elles enfreignent la loi, mais elles comportent aussi des risques potentiels :
- Publicités invasives : Ces applications affichent un grand nombre de publicités, parfois issues de sources douteuses.
- Données personnelles exploitées : Le comportement des applications reste opaque, et rien ne garantit que les informations des utilisateurs ne soient pas utilisées à des fins malveillantes.
- Manque de sécurité : En téléchargeant et utilisant ces logiciels, les utilisateurs s’exposent à d’éventuelles failles exploitables.
Que peut faire Apple ?
Malgré ses efforts, Apple peine à empêcher ces fraudes répétées. Si le système de validation automatique et humain montre des limites, une analyse approfondie du code et une surveillance plus active des tendances de téléchargement pourraient limiter les abus. Toutefois, les développeurs malveillants continuent de trouver des moyens de contourner ces contrôles.